Authentification des objets en verre
Découvrez l’authentification des objets en verre à partir de leur composition chimique, de l’analyse des altérations et des dépôts. Découvrez le protocole analytique mise en œuvre par les laboratoires CIRAM dans l’analyse physico-chimique des objets en verre.
Comme pour les roches ou le métal, il n’existe pas de méthode de datation du verre, ou de l’émail à proprement parler. Mais l’approche multicritères et pluridisciplinaires des laboratoires CIRAM permet de se prononcer sur l’ancienneté de vos objets en verre.
Un protocole analytique précis pour l’étude des objets en verre
Pour l’étude des objets d’art, le premier type de marqueurs, et le plus évident, est la composition chimique du matériau. Dans un second temps, les laboratoires CIRAM observent le passage du temps et l’altération induite. La composition des matériaux doit correspondre aux techniques de fabrication de l’époque. Pour l’altération, la dégradation des matériaux doit être d’origine naturelle.
La composition chimique du verre, le premier marqueur décisif
La composition chimique du verre ou de l’émail est une source précieuse d’informations chronologiques : vitrifiant, stabilisants, fondants, ou encore pigments, les résultats apportent déjà de précieuses informations.
La composition d’un verre, d’un émail ou d’une glaçure pourra être significative d’une époque ou d’une civilisation. Par exemple, les concentrations en plomb et en potassium indiqueront si la technique verrière correspond au Moyen-âge ou à la Renaissance. La nature des pigments permet d’identifier une production moderne le cas échéant. Le cadmium ou le chrome dateront les verres ou vitraux des 19e ou 20e siècle.
Nos scientifiques analysent la nature chimique du verre et les éléments chromogènes présents pour apporter déjà des données objectives que nos équipes de laboratoire interprètent pour se prononcer sur l’ancienneté des objets en verre.
L’analyse de l’altération du verre, une étape cruciale
La partie la plus importante de l’examen d’un objet en verre est l’analyse de son altération. Un objet en verre, vieux de plusieurs centaines ou milliers d’années, aura subi une altération environnementale importante, due à l’humidité, aux variations de température et aux développements de micro-organismes. Le degré d’altération donne des indices chronologiques (ancienneté ou modernité). L’altération du verre dépend de son environnement de conservation, mais aussi de sa composition. Si les conditions sont très alcalines, alors, la silice contenue dans le verre peut être progressivement dissoute, laissant une surface émoussée. Dans des conditions plus neutres, légèrement alcalines ou acides, la corrosion du verre se caractérise par l’élimination progressive des ions alcalins (lixiviation), sodium et potassium, ainsi que de certains ions alcalino-terreux (notamment le calcium). Ils sont remplacés par de l’eau et des ions hydroxydes, OH-. Ces processus induiront à la surface un aspect de peau d’oignon (multicouches feuilletées), qui peut apparaître irisée en raison de la diffraction de la lumière par cette microstructure.
Détecter une falsification grâce à la présence de fluor
A contrario, si l’on détecte du fluor dans les zones altérées, nous serons en présence d’une altération artificielle et moderne, c’est-à-dire incompatible avec une période ancienne. En effet, la présence de fluor est totalement anormale dans un contexte d’enfouissement naturel ou dans le processus de vieillissement naturel d’un verre. Le fluor n’est pas présent dans les eaux souterraines naturelles, car il réagit fortement avec le calcium pour constituer des minéraux insolubles. Le calcium étant l’un des éléments les plus abondants dans les sols, la possibilité d’observer certains ions de fluor solubles est extrêmement limitée. Ainsi, le fluor ne peut pas provenir d’une pollution de l’environnement de l’objet.
La présence de fluor est très problématique, car elle indique que l’objet a été artificiellement altéré avec de l’acide fluorhydrique ou avec un composé riche en fluor, afin de simuler le vieillissement du verre. Cet acide est le seul capable de dissoudre le verre. Il ne peut donc pas être utilisé à des fins de nettoyage ou de restauration. En conséquence, la présence de fluor associée aux zones « altérées » du verre constitue un indice formel de modernité.
La micro-analyse pour discerner une falsification ou une œuvre originale
La micro-analyse reste méconnue, car elle ne fournit pas d’indicateurs chronologiques directs, comme la datation carbone 14 par exemple. Cependant, cette technique est l’outil le plus adapté à la discrimination entre faux et authentique, notamment pour les verres et les émaux qui ne se prêtent pas aux méthodes de datation directe. Il est important de combiner toutes les informations pour authentifier un objet en verre ou en émail.